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We Can Do It! ( On peut le faire ! ) est une affiche de propagande américaine réalisée en 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale, par J. Howard Miller pour Westinghouse Electric, dans une campagne de remotivation des salariées. L'affiche serait basée à tort sur une photographie en noir et blanc d'une ouvrière nommée Geraldine Doyle travaillant dans une usine du Michigan, en réalité il s'agirait de Naomi Parker qui, durant cette période, travaillait à la chaîne dans la base aéronavale d'Alameda en Californie[1].
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L'affiche n'a pas été très diffusée au cours de la guerre. Elle a été redécouverte dans les années 1980 et largement reproduite sous de nombreuses formes, souvent appelée We Can Do It! mais aussi, de façon abusive, Rosie the Riveter ( Rosie la riveteuse ) en référence à la figure emblématique d'une travailleuse pendant la guerre dont l'apparence est similaire. L'image du We Can Do It! a été utilisée pour promouvoir notamment le féminisme dans les années 1980[2]. Elle fit la couverture du magazine Smithsonian en 1994 et a été reprise sur un timbre postal américain en 1998 ; elle a aussi été reprise et détournée dans le cadre de diverses campagnes politiques. L'affiche, qui demeure très populaire, est l'une des dix images les plus demandées à la National Archives and Records Administration[2].
Depuis sa redécouverte, il est courant de penser que l'image a toujours été utilisée comme un appel aux travailleuses pour qu'elles participent à l'effort de guerre. Cependant, pendant la guerre, l'image ne fut affichée qu'à Westinghouse, en interne, pendant le mois de février 1943, et n'avait pas un objectif de recrutement, mais plutôt celui d'encourager les employées à travailler encore plus[3]. Les féministes se sont approprié l'aspect revendicateur et le slogan de l'affiche et ont utilisé l'image sous plusieurs formes, notamment pour promouvoir l'auto-émancipation et faire la promotion de leurs campagnes ; l'image a aussi été utilisée dans des publicités et des parodies.
Après l'attaque de Pearl Harbor, le gouvernement américain lança un appel aux industriels afin que ceux-ci produisent plus de biens pour la guerre. L'atmosphère dans les grandes usines était souvent tendue, à cause d'une certaine rancœur entre les patrons et les syndicats qui s'était installée pendant les années 1930. Les dirigeants d'entreprises comme General Motors (GM) voulaient minimiser les frictions et encourager l'esprit d'équipe. En réponse à une rumeur de la possibilité d'une campagne de presse lancée par le syndicat United Auto Workers, GM produisit rapidement une affiche de propagande en 1942 montrant les travailleurs et le patronat se retrousser les manches, travaillant de concert dans le but de maintenir un flot de production constant pendant la guerre. Les slogans de l'affiche étaient Together We Can Do It! ( Ensemble, on peut y arriver ! ) et Keep 'Em Firing ( Faites en sorte qu'ils [les Alliés] continuent à tirer ! )[4]. En créant ces affiches, les entreprises souhaitaient accroître la production en se servant du sentiment pro-guerre, avec comme but d'empêcher le gouvernement de contrôler encore plus la production[4].
En 1942, J. Howard Miller, artiste de Pittsburgh, fut embauché, via une agence de publicité, par le Comité de Coordination de la Production en temps de guerre (War Production Coordinating Committee) de Westinghouse Electric, pour créer une série d'affiches destinées à une campagne de communication s'adressant aux ouvriers de l'entreprise[2],[5]. Le but de cette campagne était de remonter le moral du personnel, pour réduire l'absentéisme, inciter les travailleurs à poser leurs questions à leurs chefs, et minimiser le risque de grogne du personnel ou de grève dans l'usine. Chacune des affiches (plus de 42 au total) de Miller fut affichée à tour de rôle dans l'usine pendant deux semaines. La plupart d'entre elles mettaient en scène des hommes, et renforçaient l'image des rôles traditionnels attribués aux hommes et aux femmes. L'une d'elles montrait un chef de service masculin, souriant, avec le slogan Des questions sur votre travail ? ... Demandez à votre chef ( Any Questions About Your Work? ... Ask your Supervisor. )[2],[3].
Moins de 1 800 copies (d'une dimension d'environ 55,9 43,2 cm) de l'affiche We Can Do It! furent tirées[2]. L'affiche ne fut diffusée que dans quelques usines de Westinghouse à East Pittsburgh, en Pennsylvanie, et dans le Midwest, où il était prévu qu'elle soit accrochée pendant deux semaines à partir du lundi 15 février 1943[2],[6],[7],[8],[9]. Les usines ciblées fabriquaient des revêtements pour casques faits de plastique en Micarta, une résine phénolique inventée par Westinghouse. La plupart des ouvrières de l'usine étaient des femmes, et cette usine fabriqua treize millions de revêtements pour casques au cours de la guerre[10]. Les employés de l'usine n'interprétaient sans doute pas le slogan We Can Do It! comme s'appliquant uniquement aux femmes ; avant cette affiche, il y en eut une série au ton paternaliste et dominant, promouvant l'autorité des supérieurs, l'autonomie des employés et l'unité au sein de l'entreprise, et les employées ont sans doute compris l'image comme signifiant les employés de Westinghouse peuvent y arriver , en travaillant tous ensemble[2]. L'image positive avait pour but de renforcer le moral des employés et d'empêcher la production de ralentir[11].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'affiche We Can Do It! n'était liée ni à la chanson de 1942 Rosie the Riveter, ni à la toile de Norman Rockwell Rosie the Riveter, image connue car ayant fait la couverture du Saturday Evening Post le 29 mai 1943 (Memorial Day). Le poster de Westinghouse n'était pas associé aux femmes surnommées Rosie qui furent mises en avant pour promouvoir les femmes qui travaillaient au pays et participaient à l'effort de guerre. En réalité, après avoir été affiché pendant deux semaines en février 1943 à des employés de Westinghouse, le poster disparut pendant près de 40 ans[12],[24]. D'autres images de Rosie étaient plus connues, souvent des photographies réelles d'employées. Le Bureau d'information de guerre des États-Unis monta en puissance pour créer une campagne de publicité nationale pour justifier la guerre, mais We Can Do It! n'en faisait pas partie[11].
Ed Reis, un historien travaillant bénévolement avec Westinghouse, note que l'image originale ne fut pas montrée à des riveteuses pendant la guerre, et donc que le lien récent qu'on lui prête à Rosie la riveteuse n'était pas justifié. Reis dit sur le ton de la plaisanterie que la femme sur l'affiche avait plus de chance de s'appeler Molly la mouleuse de Micarta ou Cassie la faiseuse de casques [10].
Cependant, cette interprétation est très différente de celle de 1943, et il faut noter que cette affiche n'a pas été produite dans un but féministe, ni même pour encourager le travail ou l'émancipation des femmes. L'affiche s'inscrit au sein d'une série qui avait pour but d'exercer une forme de contrôle social sur les employés, et de dissuader la grogne montante[2],[11]. Bien que le stéréotype présenté par les images de Rosie la riveteuse (ou son équivalent canadien Bren Gun Girl) ait été porté un temps par les féministes, qui accordaient un rôle émancipateur au travail des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale, cette analyse a été rejetée à partir des années 1970. La raison est que ces représentations montrent une image des femmes qui travaillaient pendant la guerre qui était bien loin de la réalité : les femmes étaient recrutées de façon provisoire, payées moitié moins que les hommes, sujettes à la double journée, priées de retourner à la maison à la fin de la guerre[37], auquel s'ajoutent des problèmes de harcèlement et l'organisation volontaire des discriminations salariales par la mise en place d'une sexualisation des tâches, phénomène décrit dans le secteur textile à la même époque[38]. La persistance de cette icône ancienne pour représenter le travail des femmes, et sa quasi-unicité alors que les femmes sont majoritaires dans les emplois les moins rémunérés, a été critiquée ; son manque de réalisme et son côté glamour gomme les efforts des femmes pour obtenir l'égalité des salaires ou l'amélioration des conditions de travail des plus pauvres, et d'autres symboles, comme Mrs. Desai ou les machinistes de Dagenham, semblent plus appropriés[37].
Le Ad Council (en) déclara que l'affiche avait été développée en 1942 par son précurseur, le War Advertising Committee (Comité de Publicité en temps de Guerre), pour une campagne Les femmes au travail pour la guerre qui aida soi-disant à amener plus de 2 millions de femmes dans l'outil productif de guerre[45],[46],[47]. En février 2012, pendant le 70e anniversaire du Ad Council, leur page Facebook publia un lien vers une application interactive créée par l'agence digitale HelpsGood de Animax. L'application Facebook s'appelait Rosify Yourself (Rosiefiez-vous), en référence à Rosie la riveteuse ; elle permettait aux utilisateurs de téléverser des photos de leur visage pour qu'elles soient incorporées à l'affiche We Can Do It! , et l'image pouvait ensuite être sauvegardée et partagée avec ses amis[48]. La présidente et CEO de l'Ad Council, Peggy Conlon, posta son visage rosifié dans le Huffington Post dans un article qu'elle écrivit à propos de l'histoire du groupe[47] L'équipe de l'émission télévisée Today posta deux images rosifiées sur leur site, avec les visages des présentateurs d'actualités Matt Lauer et Ann Curry[49]. Cependant, le professeur James J. Kimble, de l'université Seton Hall, et le professeur Lester C. Olson de l'université de Pittsburgh firent des recherches sur l'origine de l'affiche et déterminèrent qu'elle n'avait pas été produite par le Ad Council et ni utilisée pour le recrutement de travailleuses[2]. 2ff7e9595c
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